3.6.15

O meu agradecimento ao Embaixador de França, quando recebi a Légion d´Honneur


Le poète portugais Fernando Pessoa, dans son Livro do Desassosego, signé par son hétéronyme Bernado Soares, a dit: «Ma patrie est la langue portugaise». Non dans le sens nationaliste de la défense solitaire et egoiste de notre petir jardin; mais dans le sens que l´orthographie est aussi «gente» (composé de gens). Comme il explique «Les mots pour moi sont des corps touchables, sireines visibles, sensualités incorporables». Or, je puis dire que, dans mon enfance et mon adolescence, ma première patrie, dans le sens de gens que j´ai reconnus, reconnus et aimés, les professeurs qui m´ont formés, les collègues qui m´ont accompanhés, au Lycée Français, a été la langue française.

La langue citoyenne dans laquele a été prononcé, dans la séquence de la révolution française, le concept de République et d´un nouveau temps, même si cet autre temps, sans que l´on ne s´aperçoive au début, vint à se révéler lui aussi un visagen parfois criminel. La langue des concepts et de mes idéaux-type: Liberté, Égalité et Fraternité.

La langue qui m´a transmis le pluralisme, la démocracie et l´idée d´ Europe, dans un temps, òu, malheureusement, au Portugal, quando je fréquentaís le Lycée Français Chales Lepierre, oasis de liberte, régnait la dictature, la pensée unique et le refus des valeurs européennes.

C´était un temps òu les cahiers français de quatre lignes en une ligne, achetés au-delà des Pyerénés, apportaient, au-delà du gris, du blanc et du noir, la couleur de la liberté, de nouveaux espaces avec les livres et la connnaisance de l´histoire mondiale. La langue de Montaigne, Rabelais, Molière, Voltaire, Montesquieu, Balzac et Camus. Bien sûr, selon les temps, des auteurs restent et d´autres sont remplacés par d´autres. Je les ai choisis, quelques-uns, à cause de la défense de l´idée europénne.

Si le mot « Europe » est très ancien, trouvable au VIIe siècle avant JC et chez le père de l´histoire, Hérodote, l’idée européenne émerge à partir du haut Moyen-Âge, comme a dit Marc Bloch, «quand l´Empire romain a croulé». D´abord cimentée par le christianisme, avec la Renaissance, le mot Europa remplace lentement le mot Christianitas et marque culturellement et politiquement notre espace géographique au XVIIIe siècle, avec le mouvement des Lumières.

Montaigne, hériter de l´humanisme et un initiateur de l’idée européenne, dans Les Essais, écrits à la fin d'une période décisive de l'histoire, la Renaissance, appèle à la liberté de conscienc et de religion, en mettant au centre un homme responsable, qui ne fonde pas sa force dans des exploits militaires ou une intransigeance sectaire, mais dans sa sensibilité, son humour, sa fragilité revendiquée, et son attirance pour la diversité et les différences. La pensée de Montaigne, qui place au-dessus de toutes les valeurs la personne humaine et la dignité de l'individu, annonce d´une certaine manière les Encyclopédistes du XVIIIe siècle.

Avec Denis Diderot, le mythe du bon sauvage, encore présent chez Montaigne, commença à se transformer: pour lui, le «bon sauvage » n’existe pas. Diderot utilise ce mythe pour dénoncer les corruptions et les erreurs des colonisateursde la civilisation européenne et de la religion chrétienne, croyant qu´était possible la compréehsion réciproque entre Européens et les “autres” - individus réels qui vivent dans une société différente, avec une culture propre. Denis Diderot entreprend à partir de 1751 la publication de la monumentale Encyclopédie, invitant pour un de seus auteurs Voltaire, défenseur des victimes de l'intolérance et combattant du fanatisme, um autre des défenseurs de l´idé d´Europe.

Voltaire, qui se sentait «anglais à Londres et allemand en Allemagne», peut être considéré comme l'Européen des Lumières, d´une europe qui retrouve son unité, avec le bónus de la diversité: «la jalousie même qui règne entre les peuples modernes, qui excite leur génie et anime leurs travaux, sert encore a élever l´Europe au-dessus de ce qu'elle admirait sterilement dans l´ancien monde». En 1767, il dit: «Je vois avec plaisir qu'il se forme dans 1'Europe une république immense d'esprits cultivés».

Dès 1748, l´auteur de Lettres persanes, Montesquieu, fait paraître L'Esprit des lois, òu il propose une originale vision de l´Europe, politique, bien que de la société civile, unifié par ses moeursBibliography By this author Topics of the article :

 «Les choses sont telles en Europe que tous les États dépendent les uns des autres. […] L’Europe est un État composé de plusieurs provinces», […] la France et l’Angleterre ont besoin de l’opulence de la Pologne et de la Moscovie, comme une de leurs Provinces a besoin des autres ; et l’État qui croit augmenter sa puissance par la ruine de celui qui le touche, s’affaiblit ordinairement avec lui».

L´idée d´Europe a lourdement souffert dans la première moitié du XXème siècle, et s´est presque suicidée, dans les deux guerres mondiales, en proie aux nacionalismes xénophobes et racistes, òu la France aussi a été mêlée. Mais, en 1944, Albert Camus, dans sa 3ème Lettres à un ami allemand, remplace peu à peu le combat d'une nation contre une autre (la France contre l'Allemagne) par la lutte de l'Europe contre le nazisme (une civilisation contre une idéologie). En contrecoup à une entreprise hitlérienne de dimension européenne, il defend non suelment la France libre. Contrairement à ce qui motive le nationalisme nazi, il dit, encore en 1944: «j'aime trop mon pays pour être nationaliste». Quant au patriotisme, il affirme que ce n´est pas une profession, mais «une manière d'aimer son pays qui consiste à ne pas le vouloir injuste, et à le lui dire».  L'année même de la signature du Traité de Rome qui institue la Communauté économique européenne (1957), il répond: «Oui, j’ai conscience de cette Europe et je crois qu’elle préfigure notre avenir politique. Je le crois d’autant plus, que je me sens mieux français. […]. Et finalement, c’est parce que j’aime mon pays que je me sens européen».

Je termine, en disant que, parece que j´aime le Portugal et la France, je me sens européenne, espérant, comme Camus, que l´Europe dans son unité et diversité culturelle et de valeurs et idéaux politiques se renforce, au contraire de ce qui se passe actuellement.